Jean d’Ormesson – Version numérique

Le temps fait son affaire

Le comte Jean d’Ormesson (1925-2017) naît au sein d’une lignée illustre, entre châteaux et érudition, échappées belles et belles rencontres. Son enfance, bercée par les récits d’histoire et les fastes d’un monde révolu, a façonné son regard rêveur. Élève brillant, il fréquenta Normale Sup, où il aiguisa son esprit philosophique et son amour des lettres. De ces années naissent un style élégant et un goût pour l’intemporel, où jeunesse et destin s’entrelacent dans la douceur des souvenirs. Plume alerte et esprit scintillant, il embrasse la presse comme une scène où déployer son panache. À la tête du Figaro, il façonne une parole libre, amusée, distillant culture et curiosité. Ses chroniques captivent, son verbe séduit. Reconnu bien au-delà des cercles littéraires, il devient une figure médiatique incontournable, incarnant la transmission aisée de la pensée complexe, du classicisme et du contemporain. Figure majeure des lettres, il connaît un succès éclatant avec La Gloire de l’Empire (1971), couronné du Grand Prix du roman de l’Académie française. Ses œuvres, mêlant érudition et humour, séduisent un vaste public.

Élu à l’Académie française en 1973, le plus jeune des immortels joue un rôle actif pour féminiser la vieille dame. Son engagement et sa plume font de lui un brillant passeur, liant la tradition et la modernité avec un charme intemporel. L’héritier de Chateaubriand a vogué dans ses pensées au gré du temps qui s’écoule et contre lequel seul l’amour, ponctué de voyages et de lectures, offre une parenthèse. Réflexion sur la mémoire, son œuvre explore le lien entre deux temps : l’histoire commune et le destin individuel. Mondain et voyageur, médiatique et magnétique, il conjugue l’immensité des idées et l’intimité du récit. Dans La Gloire de l’Empire (1971), il érige une fresque historique éblouissante, tandis que Je dirai malgré tout que cette vie fut belle (2016) dévoile une méditation personnelle sur l’existence. Ses livres tissent une alchimie subtile entre autobiographie et cosmogonie, illustrant sa pensée selon laquelle « l’avenir appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves ». Le maître de la conversation est né il y a tout juste cent ans, et ses livres nous invitent à poursuivre cet échange en dehors des écrans, lui qui les aimait tant.