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Mythologie(s) n°50 – Version numérique

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Les Slaves, un imaginaire partagé

Nous voyons bien en Europe occidentale qui sont les Celtes, les Romains et les Germains lorsque, Français, nous avons hérité des trois cultures, dont la Bretagne, la Provence et l’Alsace sont les témoins. Mais qui sont les Slaves ? Le général de Gaulle, féru d’Histoire, les intégrait culturellement dans une Europe de l’Atlantique à l’Oural, quand bien même les Russes avaient tiré leur frontière jusqu’au Pacifique. De la Baltique à la mer Noire, il nous semble voir un espace dilaté, aux frontières récentes, organisé en de jeunes États travaillés par des identités complexes. Tout cela fait beaucoup pour un esprit éclairé au gaz. L’utilitarisme anglo-saxon, le cartésianisme français et l’ordre germain n’ont jamais été d’un grand secours pour percer le mystère romantique de ces gens du Grand Est. Quand le mur de Berlin est tombé, Bruxelles leur a dit « Bienvenue en Europe », quand en face ils souhaitaient sans doute entendre « Enfin, nous voici réunis ». Invisibles, les Slaves ? Le conflit en Ukraine y a mis un terme, ils ne sont plus inconnus au bataillon… En voulant mettre ce pays sous sa coupe, le vieux panslaviste l’a mis sur une carte. Surprenant hasard de l’Histoire, c’est justement depuis le cours supérieur du Dniepr, où se trouve les actuelles Ukraine et Biélorussie, que les peuples slaves ont déployé leur démographie. Occupant une large partie de l’Europe, grenier à blé ouvert sur la mer Noire, ces peuples hardis pouvaient soutenir la comparaison avec leurs voisins francs et byzantins.

Pour autant, les témoignages sur leur histoire médiévale restent maigres et, contrairement aux Scandinaves, ils n’ont pas su préserver le souvenir des croyances mythologiques de leurs pères. Ce fonds ancien, partagé au-delà des querelles, existe cependant encore dans quelques récits mythiques préservés, un folklore riche en fêtes et légendes, et des croyances chrétiennes mâtinées de paganisme. Cette civilisation mise en lumière, entre ciel et terre, par le fracas des canons s’ouvre désormais à nous. L’Europe de l’Est porte désormais bien son nom d’Europe centrale, et les Slaves y occupent une place prépondérante.

Bertrand Audouy, rédacteur en chef

Publié le 27/09/2022

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