La machine à écrire n°06 – Version numérique

Du réel à la fiction

L’écriture est un art de la perception. Être écrivain, c’est être guetteur du monde, sismographe de l’invisible, témoin d’un réel qui palpite au-delà de l’évidence. Car il ne s’agit pas seulement de dire ce qui est, mais de sentir ce qui affleure pour lui donner une forme – c’est-à-dire une langue.

Écrire le réel, c’est aussi une forme d’engagement. C’est accepter de voir autrement : avec recul pour en retirer une matière inédite et sensible. L’écriture devient alors une manière d’être au monde mais aussi de s’en distancier, pour mieux le recomposer.

Toute fiction puise sa force dans le socle du réel. Le vrai, le vécu, l’actualité, même métamorphosés, ne cessent d’alimenter cette fiction qui, à son tour, révèle l’essence du monde.

Dans cet élan de captation du réel, le fait divers occupe une place singulière. Longtemps relégué à une anecdote, il devient aujourd’hui matière première en littérature. Car il a cette charge symbolique qui renvoie l’homme face à ses gouffres : la peur, la pulsion, l’irrationnel. L’écriture s’en empare alors pour fouiller l’âme humaine et révéler ses failles.

Et puis il y a l’autre versant du réel : celui qui n’a pas encore eu lieu. Écrire le réel de demain, c’est projeter l’aujourd’hui dans une autre temporalité, interroger ce qui vient. C’est là encore une forme de fidélité au réel : partir de ce qui bruisse déjà dans l’air du temps pour faire émerger des futurs possibles.

Du fait divers au roman d’anticipation, du témoignage au récit intime, écrire le réel n’est jamais une simple imitation. C’est un acte de re-création. L’écrivain est à la fois arpenteur et rêveur, journaliste et poète, enquêteur et prophète. Il donne au monde une deuxième vie, peut-être plus intense que la première. Une vie en mots.

N’attendez plus, amusez-vous avec les ateliers et exercices d’écriture que nous vous proposons à redessiner le réel, à votre façon.