La Bible – Version numérique

La Bible, l’art du récit

Hébreux, Israélites, Juifs ? Les termes se croisent et prêtent parfois à confusion. « Hébreux » est un vocable ancien et général pour les anciens peuples sémitiques mentionnés dans la Bible, descendants d’Abraham, Isaac et Jacob. Il est utilisé pour décrire les premiers ancêtres du peuple d’Israël avant l’établissement du royaume d’Israël. « Israélites » ou « peuple d’Israël » désignent le groupe ethnique et religieux descendant des douze tribus d’Israël, qui tirent leur origine de Jacob, également nommé Israël, unies en une seule nation, notamment sous les règnes de Saül, David et Salomon. « Juifs » est un terme utilisé après l’exil babylonien pour nommer les descendants de la tribu de Juda, plus largement aujourd’hui ceux qui pratiquent la religion (adeptes du judaïsme), observent les traditions (fêtes et coutumes) sans nécessairement croire, ou se sentent tout simplement liés à cet héritage culturel. Cette mémoire repose sur la Bible hébraïque, ou Tanakh. Appelée Ancien Testament chez les chrétiens, elle fonde la tradition religieuse et morale du judaïsme en racontant l’histoire du peuple d’Israël et ses relations avec Dieu, depuis la création du monde jusqu’à l’époque des prophètes. Composé de trois parties : la Torah (les cinq livres de Moïse), les Neviim (les prophètes) et les Ketouvim (les Écrits), ce récit recomposé inclut entre autres la création du monde, la sortie d’Égypte sous la conduite de Moïse, les Dix Commandements, la conquête de Canaan, l’établissement des rois, les exils et les prophéties sur la rédemption et le salut du peuple juif.

Cette matière contient une riche diversité de genres littéraires. La poésie joue un rôle essentiel en exprimant des émotions profondes, des enseignements spirituels et des réflexions philosophiques : Psaumes, proverbes, Cantique des Cantiques et livres prophétiques. Les lois régissent divers aspects de la vie religieuse, sociale et morale. Mais surtout, elle abonde en récits de héros, figures exemplaires de foi et de courage comme Noé, Josué, Déborah, Samson, David, Élie ; en récits tragiques dans lesquels Yahweh afflige l’homme de multiples calamités : la destruction de Sodome et Gomorrhe, la mort de Saül et de Jonathan, les épreuves de Job, etc. Ces histoires, mythes, fables et contes cèdent parfois à la légèreté et au comique, tels Saül déguisé chez la voyante d’Endor ou encore Jonas avalé puis recraché par un grand poisson pour avoir voulu fuir sa mission divine. Il y a donc place pour la légèreté et le comique dans ces textes religieux anciens. Parce que Dieu ne rit pas toujours, les Pères sont spirituels (enfin, pas tous).